Junk food : Aquarelle, acrylique, feutre, encre de chine et texte





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Gloubi boulga envoie les boomers en enfer.

30 x 17,5, aquarelle, acrylique, feutre et encre de chine
juin 2023


Il n’est pas dans mes habitudes de me répandre par écrit sur les réseaux sociaux, généralement je me contente de le faire par l’image et la musique, c’est bien suffisant, il y a tellement de gens qui ont des choses à dire… Aujourd’hui je vais faire une petite exception à la règle, exception liée à un certain air du temps, à une actualité et à l’émergence dans les médias d’une pensée gloubi boulga qui allie jugement, facilité et paresse intellectuelle. Donc suite à une certaine affaire il y aurait d’un côté des vieux boomers signataires d’une lettre ouverte de défense à un « grand acteur français patrimoine national » et de l’autre les jeunes qui prendraient la défense des victimes. La messe est dite, facile, caricatural et au passage merci à mes congénères générationnels pour votre lettre débile, dans le Figaro qui plus est ; grâce à vous nous les boomers on a encore pris une balle. Car il y a nombre de gens de ma génération qui ont toujours considéré qu’il était malsain de tripoter les autres sans leur autorisation d’autant plus quand ils sont démunis pour une quelconque raison (leur âge par exemple) ou un quelconque « contexte » n’en déplaise à certains. Une pensée est en train de s’imposer nous aurions tout fait mal : niquer la planète, faire dégénérer les mœurs, avoir profité à fond du système, prendre la retraite jeune, etc. Allez je vous le concède vu l’état du monde on pourrait le penser, mais était-il mieux avant (nous) ? Est-il pire après ? Au regard de la crise écologique oui mais quid de la révolution industrielle du 19 ème siècle ? Nous n’étions pas nés, c’est dans les années soixante que les premiers cris d’alerte ont été poussés, pas entendus bien sur, sont-ils entendus aujourd’hui ? (80 000 participants à la COP, bonjour le bilan carbone, mais bon on fait semblant de vouloir changer les choses). Nous aussi nous avons hérité d’un monde, et quel monde… Nous avons évolué dans une société patriarcale qui a sans cesse cherché à nous censurer à nous empêcher de vivre affectivement et sexuellement ce dont nous avions légitimement envie, avec qui nous avions envie. Les gros lourds ? Désolé on les a subis aussi via les commentaires sur nos copines « petites salopes hippies » et sur nous « petit pédé à cheveux longs ». Jeune à Nice j’ai failli me faire massacrer par des sbires de Jacques Médecin pour une vanne pas vraiment appréciée, plus tard éviter le service militaire, encore plus tard travailler dans une institution qui accueille des jeunes difficiles avec des collègues bornés et/ou parachutistes pour qui l’éducation se faisait à coup de tartes dans la gueule sinon « t’es pas un homme ». Il a fallu se battre avec nos armes, notre tête avant tout et le mal au tripes mais avec l’espoir de changer les choses. Et puis les années 80 sont arrivées et ont tout balayé, tout ringardisé, il était admis que l’on pouvait allègrement détruire l’autre pour réussir, vite de préférence, merci Tapie. Le boulevard pour la société néo-libérale s’est ouvert, à partir de là tout pouvait s’acheter, se vendre, les corps, les âmes, le cynisme absolu et par la dessus une musique de merde. Beaucoup ont plongé ceux qui déjà allaient trop loin se sont cru autorisés à aller encore plus loin, le pouvoir et l’argent lèvent les interdits c’est connu. D’autres ont essayé de résister à leur manière sans pour autant être des babas attardés mais faire société, s’occuper des autres ça n’était pas réellement tendance l’important pour exister socialement c’était de faire du fric. Nous nous sommes replié sur le travail bien fait et sur l’intime, travailler sur soi en essayant de faire correspondre notre vie à nos valeurs, dans l’indifférence la plus totale voire dans le mépris dans des milieux professionnels où il a été convenu que l’on pouvait faire n’importe quelle saloperie pour avancer. Le mépris nous y sommes, aujourd’hui celui de personnes à l’égo boursouflé, au jugement aussi rapide que la pensée est courte, que la capacité de discussion et de remise en question est inexistante, une vague de plus, nous avons l’habitude. Le club des péremptoires accroché à ses certitudes comme une moule sur un rocher breton jugera du haut de sa certitude que la pensée est en constant progrès et qu’il en est le fer de lance, la preuve en est le nombre de grands philosophes dont a accouché notre époque. Le temps passe vite il rattrape tout, rien ne s’efface, rien ne peut s’effacer surtout le mal qui a cette capacité à se réincarner sans cesse sous de nouvelles formes. Aujourd’hui le narcissisme et l’individualisme forcené, demain ? Vous aurez aussi vos gros lourds sous une nouvelle forme. Mais il y aura toujours des gens pour résister, si nous stigmatiser permet à la pensée d’avancer alors pourquoi pas mais attention la vie passe vite et si l’on est honnête il va falloir un jour faire son bilan, et là ouille, ok boomer.